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La Turquie embrase le Moyen-Orient ( #PCF )

Publié le 16/2/2021 par PCF

Depuis plusieurs semaines maintenant, la Turquie se livre à des bombardements criminels sur le Sinjar en Irak. De nombreux civils et des soldats, dont treize militaires turcs, y ont trouvé la mort.

Cette région est tragiquement connue, car ses habitants, les Yézidis, y ont fait l’objet d’une monstrueuse tentative de génocide lors d’une offensive de l’Etat islamique, en août 2014, soutenue par Ankara.

Il aura fallu le courage des combattants kurdes, notamment ceux du Parti des travailleurs du Kurdistan, pour les sauver de la mort et de l’esclavage. Depuis, les Yézidis, afin de prévenir toutes nouvelles agressions, se sont constitués en province autonome et leurs forces ont intégré l’armée irakienne.

R.T. Erdogan veut briser cette expérience. Il a pour cela installé sur le territoire irakien des bases militaires et déploie des troupes à la frontière. Il cherche à déclencher une invasion avec le soutien de djihadistes revenus de Syrie, de Libye et du Haut Karabakh. Les frappes aériennes et les menaces d’intervention suscitent la colère et l’inquiétude de la population.

R.T. Erdogan ne parvient pas pour le moment à obtenir le feu vert de Washington et fulmine contre le président Biden.

Cette nouvelle guerre de R.T. Erdogan vise à briser les Kurdes du Rojava (Syrie) et du Sinjar qui ont établi des institutions démocratiques et poursuivent le combat contre Daesh dont l’organisation reprend de la vigueur dans les deux pays. Bagdad craint également que cette guerre se traduise par une annexion pure et simple d’une partie de son territoire.

Dans la perspective de retrouver la gloire perdue de l’empire ottoman, cet expansionnisme de la Turquie s’est déjà traduit par la prise de contrôle illégale du nord de Chypre et du canton d’Afrin en Syrie.
Tout à son esprit de conquête, le tyran d’Ankara vient de procéder à l’arrestation de 718 membres du Parti démocratique des peuples (HDP), cette force démocratique progressiste. Des milliers de ses membres, parlementaires, maires, militants croupissent en prison, dont son co-président, S. Demirtas.
Il est urgent de stopper cet engrenage mortifère et liberticide.

L’autoritarisme de R.T. Erdogan, conforté par l’alliance avec l’extrême droite fasciste du MHP, est de plus en plus contesté par une large frange de la population de Turquie, qui aspire à la liberté et qui souffre du désastre économique.

En ces circonstances, la France et l’Union européenne doivent condamner et entraver cette nouvelle agression du pouvoir turc mais aussi apporter leur soutien aux forces kurdes.

Tout en respectant l’intégrité territoriale de la Syrie, elles doivent reconnaitre officiellement l’autonomie du Rojava à l’image de ce qui s’est fait pour la province autonome kurde en Irak. Elles doivent cesser les interpellations de militants kurdes pacifistes sur leur territoire et mettre un terme aux procédures d’extradition.

Les communistes appellent à la libération immédiate des prisonniers politiques de Turquie et à la mobilisation indispensable de toutes les forces progressistes et pacifistes afin de briser le bras assassin de R.T. Erdogan.

Parti Communiste Français

Turquie : le député Selahattin Demirtas doit être libéré immédiatement ( #PCF )

Après l’arrêt de la Cour constitutionnelle de Turquie en 2019, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) vient d’infliger un terrible camouflet au président turc R.T. Erdogan en exigeant la libération immédiate de Selahattin Demirtas.

Député, co-président du Parti démocratique des peuples de Turquie (HDP), deux fois candidat à l’élection présidentielle, Selahattin Demirtas est emprisonné, au côté de milliers de détenu-e-s, depuis novembre 2017, et risque 142 ans de prison.

Les attendus sans équivoque de la CEDH dénoncent de multiples violations à la Convention européenne des Droits de l’homme sur la liberté d’expression, le droit à la sûreté, ainsi que l’impossibilité d’organiser des élections libres, l’absence de pluralisme aujourd’hui en Turquie.

La CEDH souligne surtout l’inconsistance des accusations pour « terrorisme » portée, malgré l’inexistence totale de preuves, par le pouvoir contre les opposants à la politique d’Erdogan.

Selahattin Demirtas n’est coupable que d’avoir choisi le camp de la démocratie, de la paix et du respect absolu des droits culturels et politiques de tous les peuples de Turquie à commencer par les kurdes et les alévis. Les criminels sont ceux qui emprisonnent les dizaines de milliers d’élu-e-s, militant-e-s, journalistes, universitaires, femmes et hommes qui résistent à la haine et l’oppression.

Depuis l’arrivée au pouvoir de R.T. Erdogan, les démocrates de Turquie subissent une répression violente et implacable qui veut réduire à néant toutes les voix discordantes.

Le Parti Communiste Français (PCF) qui s’est associé, avec une multitude d’organisations et d’associations, à la campagne initiée par l’association France-Kurdistan #FreeDemirtas se félicite de la décision de la CEDH.

C’est un encouragement à amplifier la mobilisation et le rassemblement pour obtenir la libération de Selahattin Demirtas et de toutes celles et tous ceux qui paient de leur liberté leur engagement pour la paix, la justice sociale, les droits

Turquie : inacceptable condamnation de la députée HDP Leyla Güven à 22 ans de prison ( #PCF )

La dictature de R.T. Erdogan ne connaît aucun répit. Elle vient de condamner Leïla Güven à 22 ans de prison.

Coprésidente du Conseil social démocratique (DTK), Leyla Güven avait, pendant de longs mois en 2018, fait une grève de la faim pour s’insurger contre les conditions de détention faire au dirigeant kurde Abdullah Ocalan.

Femme de paix, inépuisable défenseuse des droits humains, L. Güven avait été élue députée de la circonscription d’Hakkari puis déchue de son mandat. R.T. Erdogan la poursuit de sa haine comme tout-e-s les élu-e-s du Parti démocratique des peuples (HDP) et tous les démocrates de Turquie.

Le Parti Communiste Français (PCF), présent à sa libération de la prison de Diyarbakir en novembre 2019 avec Lydia Samarbakhsh, responsable à l’International, et Sylvie Jan, puis, en février 2020 représenté par le sénateur Pierre Laurent et Lydia Samarbakhsh au Congrès du HDP, avait alors exprimé de vive voix à Leyla Güven l’entière solidarité et le soutien sans faille des communistes de France dans sa lutte pour la démocratie, la justice et la paix.

Le PCF réaffirme ici sa solidarité et dénonce avec force cette nouvelle atteinte aux droits les plus élémentaires des peuples et des kurdes de Turquie et de leurs représentant-e-s démocratiquement élu-e-s.

Le PCF renouvelle son appel à la mobilisation de l’ensemble des forces disponibles pour faire grandir un large et puissant mouvement de solidarité avec les peuples et démocrates de Turquie pour la libération de tous les prisonniers politiques.

La France doit condamner et sanctionner le régime d’Ankara et apporter son soutien aux forces démocratiques qui, en Turquie mais aussi en France, luttent pour dire #StopErdoghan !

Criminelle offensive de l’Azerbaïdjan contre la République d’Artsakh #PCF

L’Azerbaïdjan du dictateur Ilham Aliyev vient de lancer une offensive criminelle contre la République d’Artsakh. Avec l’appui de la Turquie, qui a envoyé ces derniers jours des combattants djihadistes afin d’épauler l’armée, des bombardements meurtriers ont lieu sur toute la ligne de front et la capitale Stepanakert. On dénombre déjà de nombreux civils tués

Après les pogroms de 1990 et 2016 commis par Bakou, une politique génocidaire se met en place contre les Arméniens. Le rapport des Nations unies sur les crimes commis à Afrin (Syrie) par l’armée turque et ses supplétifs devrait alerter la communauté internationale. Les armes françaises vendues à l’Azerbaïdjan servent à frapper cette jeune démocratie. Avec l’assentiment de R.T. Erdogan, Ilham Aliyev réduit à néant un quart de siècle de négociations au sein du groupe de Minsk dont la France fait partie.

Le Parti Communiste Français (PCF) appelle à un cessez-le-feu immédiat et exprime sa solidarité avec le peuple de la République d’Artsakh. Les Arméniens qui ont fait la démonstration de leur attachement à la démocratie, au prix de sacrifices immenses, doivent être placés sous protection internationale. Il est plus que temps de condamner et de sanctionner la politique agressive et expansionniste de la Turquie à Chypre, en Irak, en Syrie, en Libye et en Méditerranée orientale. Il est plus que temps de mettre un terme aux massacres des Kurdes et des Arméniens. R.T. Erdogan nourrit partout un nationalisme belliciste qui enflamme le Moyen-Orient et l’Asie Centrale. Seules les voies de la diplomatie peuvent mettre un terme à cette violence et ouvrir un chemin pour la paix.

Parti Communiste Français,
Paris, le 27 septembre 2020

Le 19 septembre 2020: Mobilisation pour un climat de paix #PCF

Dans le cadre de la Journée internationale de la Paix, le PCF appelle à participer partout en France le samedi 19 septembre aux marches pour la paix, la justice sociale et les droits humains, le climat et le désarmement nucléaire.

Un monde toujours plus dangereux

La situation internationale ne cesse de se dégrader, marquée par une multiplication de crises sociales, économiques, écologiques, politiques, porteuses de menaces pour toute l’humanité.

Partout, elles aggravent les inégalités, les insécurités humaines et le sentiment d’humiliation des peuples. Elles attisent les violences, les guerres et le rétrécissement démocratique, hypothèquent la biodiversité et les conditions de vie sur terre.

Le capitalisme, avec ses logiques de profits et de puissance, est à la base de ce monde dangereux.

Les conflits d’aujourd’hui s’enracinent tout à la fois dans les rivalités de puissance mais surgissent aussi de la décomposition des sociétés.

Les idéologies guerrières tentent en permanence de se relégitimer. Il faudrait aujourd’hui se préparer à la guerre, multiplier les dépenses d’armement, les conflits préventifs à l’extérieur afin de défendre notre sécurité menacée. La droite et l’extrême droite nourrissent un discours fondé sur la manipulation, les peurs, le ressentiment, l’exaltation de l’identité. Cela alimente une vision hiérarchisée du monde dans laquelle une petite oligarchie de puissances, organisée dans des clubs, décide pour les autres, hors des Nations unies.

Une nouvelle vague de militarisation vise à renforcer le monde occidental qui concentre l’essentiel des dépenses militaires. Celles-ci sont passées de 1 144 milliards (en 2001) à 1 822 milliards (2018).

Parallèlement, un vaste mouvement de désengagement des accords internationaux s’amplifie, notamment de la part des États-Unis de D. Trump : nucléaire iranien, traité de non-prolifération, des Forces nucléaires intermédiaires, de l’Anti Balistic Missile, de la COP 21…

La France n’est pas en reste. E. Macron fait de la défense européenne le cœur d’une renaissance du projet néolibéral européen et considère que le commerce des armes est un élément de compétitivité de notre pays. Paris vient de doubler ses crédits consacrés à l’arme nucléaire (3,5 à 6 milliards) avec pour objectif de renouveler en totalité la flotte des sous-marins nucléaires. Cette tendance s’inscrit dans une augmentation globale de 10 milliards du budget militaire à l’horizon 2020. Cela représentait 31,6 milliards en 2016 et 41 milliards en 2020, soit 2 % du PIB comme l’exige l’OTAN.

La paix au cœur des alternatives pour l’humanité

Alors que la pandémie de Covid-19 plonge le monde dans la tourmente, se faire la guerre est une folie. Les exigences de coopérations et de solidarités s’imposent de plus en plus.

Pour ces raisons, il est temps de délégitimer la guerre qui prive les Palestiniens, les Kurdes et les Sahraouis de leurs droits légitimes. La course aux armements ne permet pas d’assurer la sécurité des citoyens. Depuis 2001, les guerres se sont multipliées (Libye, Syrie, Yémen, Sahel…) et la solution militaire est un échec total. Il faut donc concevoir des politiques alternatives. Les anciennes puissances ne peuvent plus imposer leurs lois au reste du monde car celui-ci a profondément changé. Il ne faut donc pas avoir une vision unilatérale du monde qui pourrait alimenter le fatalisme. Des efforts existent parmi des États, des mouvements populaires, pour trouver des solutions pacifiques.

La paix est un projet politique au cœur des luttes émancipatrices. Cela passe par l’affirmation du primat du politique sur la force comme condition de la paix. La paix est un élément incontournable de tout projet global pour l’humanité. Elle répond à l’urgence climatique et à l’exigence de justice. Elle exige de bâtir des logiques de coopération, de partage, d’entraide et de solidarité. Cela ne peut pas se concevoir sans démilitarisation du monde et une diminution drastique des dépenses d’armement. Pour relever les défis climatique, écologique, ainsi que les inégalités, il y a besoin d’un nouveau mode de production, de développement, de consommation. La satisfaction des besoins humains ouvre la voie pour la coopération et la fraternité.

Dans ces luttes, les peuples ne partent pas de rien. Ils peuvent s’appuyer sur les Nations unies et la culture de la paix.

Il faut faire converger les intérêts des peuples, remettre en cause le commerce des armes, dissoudre l’OTAN et mettre en place un cadre de sécurité collective. Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) est une perspective crédible d’un monde sans armes nucléaires. Il crée une nouvelle dynamique ratifiée par 122 pays en complément du Traité sur la non-prolifération. Malheureusement, la France et les États-Unis ont pris la tête de la croisade anti-TIAN.

Nourrir un multilatéralisme qui permet d’intégrer les États-Nations dans l’espace mondial à égalité constitue le cadre où doivent se traiter les questions climatiques, du développement et de la paix.

Parce que la paix est au cœur de notre combat, les militants communistes auront à cœur la réussite dans toute la France des rassemblements le 19 septembre.

Pascal TORRE
responsable adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

Turquie : Inacceptables destitutions et arrestations des maires kurdes #PCF

Recep Tayyep Erdogan n’en finit pas de régler ses comptes avec le nombre croissant de démocrates qui s’opposent à sa politique. Les forces armées spéciales ont ces jours-ci conduit de nouvelles opérations contre les municipalités reconquises de haute lutte, en avril dernier, par le Parti démocratique des peuples (HDP).

Les co-maires de nombreuses villes, dont ceux de Siirt, Kurtulan, Idgir et Baykan, ont été destitués par le ministre de l’Intérieur et remplacés par des administrateurs issus de l’AKP, le parti présidentiel. Au total, 45 maires sur 65 sont aujourd’hui destitués dont 21 incarcérés. A cela, il faut ajouter les parlementaires emprisonnés dont le député Selahattin Demirtas.
Fragilisé par sa défaite retentissante aux municipales dans les grandes villes et une crise économique sans précédent accentuée par la pandémie de Covid-19, R.T. Erdogan n’en poursuit pas moins ses purges et le démantèlement du système municipal kurde. Celui-ci constitue le laboratoire du projet politique kurde au service des habitants. Il impulse des politiques publiques en faveur de la jeunesse, de la culture, de l’environnement, de l’égalité femmes/hommes… véritable alternative à la corruption généralisée, au népotisme et à la prédation capitaliste conduite depuis Ankara par les islamo-conservateurs.
Avec cette violence, R.T. Erdogan tente d’anéantir l’espace politique kurde où la signification des élections est d’emblée entachée de nullité. Un régime qui s’affranchit de la légitimité des urnes bascule inéluctablement dans la dictature.
Le Parti Communiste Français (PCF) exprime sa totale solidarité avec les maires et les militants du HDP incarcérés. Il est aux côtés des peuples de Turquie qui se tiennent debout face à la dictature. Il appelle le gouvernement de la France et les pays de l’Union européenne, prompts à dénoncer sélectivement des atteintes à la démocratie, à condamner ce nouveau coup de force et à mettre un terme aux complicités avec cette tyrannie.

Lettre ouverte à Arte et aux auteurs de « Autopsie d’un triple meurtre », un documentaire totalement à charge

« Autopsie d’un triple meurtre », un documentaire d’Ahmet Senyurt diffusé sur Arte mardi soir, était censé décrypter les meurtres des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, assassinées à Paris le 9 janvier 2013 par les services secrets turcs.

unnamed3kurdesMais au lieu de s’intéresser aux responsabilités cachées derrière ces assassinats politiques impunis, comme on pouvait naturellement s’y attendre, le reportage dérive pitoyablement vers une approche qui criminalise les activités de la diaspora kurde en Europe et fait des victimes des coupables.

Approche superficielle et tendancieuse visant à dénigrer le mouvement de libération kurde et les organisations kurdes en Europe

Tout au long de ce documentaire, on assiste à une tentative claire de remettre en question la légitimité de la résistance kurde, alors que ce n’était en rien son sujet.

Personne n’a manqué de relever les passages très douteux insinuant que le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est responsable de la reprise des violences en Turquie et lui attribuant une image terroriste. Le discours invalide et méprisant employé à l’encontre de cette organisation est à nos yeux une preuve des graves lacunes journalistiques et professionnelles des auteurs de ce documentaire.

Réduire une lutte de libération de plusieurs décennies portée par des millions de personnes, Kurdes et non Kurdes, à du terrorisme, en quelques minutes, avec quelques images sélectionnées arbitrairement et des commentaires en voix off plus que simplistes, révèle l’ignorance absolue des auteurs du documentaire quant à la profondeur des dimensions historique, géopolitique et humaine de la résistance kurde. Cette approche est totalement contraire à la déontologie du journalisme qui implique des recherches sérieuses et des énoncés clairs, véridiques et complets.

D’autre part, le documentaire prend un soin tout particulier à renier la légitimité de la lutte menée en Europe par la diaspora kurde pour ses droits et pour la justice, remettant en question la légalité des activités des organisations kurdes qui sont pourtant parfaitement autorisées par les autorités nationales en Europe. Ceci revient à criminaliser des centaines de milliers de Kurdes réfugiés en Europe. Comme toute diaspora, la communauté kurde porte une histoire et des valeurs et, en tant que telle, elle a droit au respect de tous. La dénigrer de la sorte ne fait que souligner l’immoralité de l’argumentaire de ce documentaire.

Rappelons aussi, puisqu’il semble qu’un rappel soit nécessaire, que la lutte pour la justice et les droits humains ne connait pas de frontière. Tant qu’il y aura des injustices, il y aura des luttes pour la vérité, et ce, partout dans le monde.

Criminalisation des victimes et de leur engagement politique

Au-delà du dénigrement des revendications portées par la diaspora kurde, le documentaire sous-entend, scandaleusement, une responsabilité des victimes et de leur famille. Pour rappel, il s’agit ici de l’assassinat de trois militantes kurdes en plein cœur de Paris, commandité par les services d’un État étranger, la Turquie en l’occurrence. Toutefois, l’angle choisi par les auteurs du documentaire déplace le focus sur le jugement de l’engagement politique des victimes, laissant de côté l’investigation sur les responsables de ces crimes politiques. Nous condamnons cette approche scandaleuse et sexiste qui se préoccupe avant tout de porter un jugement sur les revendications des victimes, leur positionnement politique, leur mode de vie, cherchant ainsi une justification ignoble aux crimes commis à leur encontre.

Criminalisation d’une communauté

Le documentaire tente par ailleurs de donner une image négative de la communauté kurde en France et en Europe, en décrivant ses organisations comme issues d’une mouvance terroriste qui serait recyclée dans une forme plus pacifique en Europe.
Comme tout groupe ethnique en Europe et dans le monde, nous avons le droit d’exister, de revendiquer et de communiquer sur les enjeux auxquels notre peuple doit faire face. Ce documentaire contribue très clairement à la politique de criminalisation du peuple kurde, suggérant que le Kurde qui se tait est le bon Kurde et celui qui se révolte un terroriste.

Les auteurs du documentaire se permettent d’ailleurs, éhontément, d’imputer la responsabilité des assassinats des trois femmes à leur propre communauté, parce que celle-ci aurait manqué de lucidité et de prudence face aux risques qu’elles ne pouvaient éviter d’encourir du fait de leurs revendications. L’angle nécessaire, qui aurait voulu que l’on se penche sur les capacités d’infiltration des renseignements turcs en France, notamment à Paris, est effacé pour faire place à une liste de manquements de la communauté kurde à identifier et se protéger des dangers. Faut-il rappeler aux auteurs de ce documentaire que la problématique première de ces assassinats est la perméabilité du territoire français aux activités criminelles des services étrangers et l’impunité de celles-ci ?

Nous rappelons également que la communauté kurde composée majoritairement de réfugiés politiques, vit en France de manière modeste, dans le respect des lois nationales ; Comme toute personne vivant en France, les Kurdes ont droit à la protection et à la sécurité. Nous ne sommes ni responsables, ni qualifiés pour assurer notre propre protection, car dans un État de droit, il est légitime d’attendre que les autorités publiques assurent la sécurité. Si la sécurité a fait défaut, il est de notre droit d’exiger la justice.

C’est justement cette justice qui manque à l’appel dans cette affaire, ce qui ne semble nullement intéresser le documentaire. Par conséquent, nous sommes en droit de questionner le professionnalisme et la neutralité des auteurs de ce reportage qui au lieu de chercher à déceler les véritables responsabilités se cachant derrière ces crimes, s’appliquent à dénigrer la lutte politique d’une communauté et de ses militantes assassinées impunément au cœur d’un pays naguère qualifié de patrie des Droits de l’Homme.

Conseil Démocratique Kurde en France
16 rue d’Enghien
75 010 Paris
09.52.51.09.34
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