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Les urgences sociales des quartiers populaires #PCF

Les camarades des quartiers populaires sont bien engagés dans la campagne des régionales et départementales largement présente dans le débat. Dans des configurations différentes, tous agissent avec détermination pour porter nos idées et propositions, gagner des élus qui défendront les intérêts populaires. C’est une bataille aussi difficile qu’essentielle, car il faut lever la chape de plomb de l’abstention, du « Tous pareils, la politique c’est pas pour moi », faire reculer le poids du Rassemblement national sur les idées, convaincre d’une issue possible de transformation sociale et démocratique. En tous cas, l’envie d’y arriver est bien là et notre bon résultat dans l’élection partielle du 20e à Paris est un signe encourageant.

Les présents sont revenus sur les urgences sociales dans ces quartiers qui concentrent une grande partie des privés d’emplois et des salariés aux plus faibles revenus. Ils ont souligné les difficultés accrues liées à la situation sanitaire avec les fermetures de structures sportives, colonies de vacances et autres centres d’accueil. Après des mois de semi confinement, l’impossibilité de partir en vacances faute de moyens devient une vraie punition, un préjudice pour l’avenir des enfants. Quelles mesures d’urgence pour donner un coup de pouce ?

L’été et la rentrée s’annoncent tendus. La deuxième phase de la réforme de l’assurance chômage, suspendue depuis la crise sanitaire, devrait entrer en vigueur au 1er juillet 2021. L’Unedic chiffre les conséquences du nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence déterminant le montant de l’allocation : une baisse de 17 % en moyenne de l’allocation pour 1,5 million d’allocataires, soit 41 %. Au total, 63 % des allocataires percevront une indemnisation moins élevée. Alors que les inégalités s’accroissent, cette mesure provoque inquiétude et colère ! Il faut passer à la lutte pour contraindre le gouvernement à refuser.

Autre motif de mécontentement : à partir du premier septembre 2021, tout passage aux urgences sans hospitalisation sera facturé 18 euros aux frais de l’assuré… Le gouvernement compte là-dessus pour désengorger les urgences, qui sont souvent le dernier recours pour les plus pauvres. Cette vision comptable de la santé qui dissuade de se soigner ceux qui ne peuvent pas payer relève du plus grand cynisme. Combattons cette mesure injuste et exigeons la mise en place de centres de santé dans les quartiers dispensant les assurés de l’avance des frais !

Une pétition sur le pouvoir d’achat sera mise à dispositions des militants. Mais les camarades présents souhaitent aller plus loin avec un tract appelant à la lutte sur toutes ces questions faisant connaître nos propositions pour relever le défi des jours heureux.

Trois autres axes de travail sont soulignés. Celui tout d’abord de l’école, la disparition des REP est programmée pour 2022, les expérimentations démarreront dès cette rentrée. Elles seraient remplacées par des « contrats locaux d’accompagnement » entre établissements et rectorats. Le contrat remplace donc le droit, renforçant les inégalités entre les établissements. Cette réforme doit être combattue car elle signifie un nouveau désengagement de l’État dans le service public de l’Éducation nationale. Plusieurs camarades soulignent la nécessité de retrouver le dispositif « plus de maîtres que de classes» qui permettait de soutenir les élèves en difficulté, sacrifié au moment du dédoublement des CP et CE1.

Le droit à vivre en sécurité est très présent dans les quartiers et les communistes s’en emparent. Ils insistent sur la nécessité d’aborder les missions de la police nationale qui doit assumer la police de proximité, les moyens pour la justice qui doit rester indépendante et la prévention. Cette exigence de police républicaine nous conduit à condamner fermement les violences policières et les contrôles au faciès. Des camarades souhaitent que nous précisions nos positions quant au cannabis : maintien de son interdiction, légalisation encadrée, dépénalisation de l’usage… En tous cas, il serait utile de mener un débat éclairé.

Autre axe de travail, la politique de la ville : les contrats arriveront à échéance en 2022, quel bilan en tirer et quelles propositions pour l’avenir utiles aux habitants ?

Enfin, les présents ont rappelé le milliard débloqué pour les quartiers populaires dans le plan de relance, à la suite de la mobilisation de nos élus. Ils appellent à être vigilants dans la déclinaison concrète de ce plan pour répondre au besoin des habitants et à faire respecter le principe « Chose promise, chose due ».

Marie-Christine Burricand, membre du CEN, responsable nationale aux quartiers populaires.

Sécurité : le tout répressif, est-ce la solution ?

La manifestation de policiers du 19 mai mais il faut bien le dire aussi, la prise de position du secrétaire national du PCF, ont largement participé à amplifier le débat sur les enjeux de sécurité et de sûreté des populations.

Tout d’abord sécurité ou sûreté et ce n’est pas qu’une question de sémantique, ne signifient pas exactement la même chose. La sûreté représente un ensemble de mesures permettant de se protéger contre les malveillances et qui dit malveillances dit intention de nuire, alors que la sécurité qui, certes dans le discours classique englobe la notion de sûreté, concerne plus particulièrement les risques dont la cause est accidentelle.

Dans les faits le mot sécurité est plus souvent employé car à la différence de celui de sûreté, il est beaucoup plus précisé en termes réglementaires. Cela tient au fait que la sûreté concerne un domaine plus diffus, plus fluctuant et plus évolutif reposant sur la complexité des comportements humains mais aussi sur l’affirmation et le respect des libertés publiques fondamentales.

Au cas d’espèce nous avons aujourd’hui plus à faire à une problématique de sûreté qu’à des questions de sécurité. Dès lors il s’agit de nous demander pourquoi de plus en plus de personnes ont l’impression de ne pas vivre en sûreté ; une question éminemment politique et qui peut porter loin. Depuis plusieurs décennies, une crise majeure du système capitaliste dégrade considérablement les conditions de vie et fait monter les pires réflexes. Précarité, chômage, exclusion, ostracisme, stigmatisation de toute sorte, racisme, recul des libertés individuelles et collectives sont l’envers du décor d’une société qui se délite sous la pression des forces du capital. Manques cruels d’accès à l’enseignement et à la formation, à la culture, aux soins, un espoir bouché sur l’avenir pour des millions d’hommes et de femmes jeunes et moins jeunes, ont installé un climat de défiance vis-à-vis de l’autre, de repli sur soi, de peur générant une forte impression de manque de sûreté et/ou d’insécurité.

Malheureusement au lieu d’une réponse sociale, humaine à cette évolution et relevant à bras la corps le défi d’une nouvelle émancipation sociale, les pouvoirs politiques à la solde des intérêts capitalistes se livrent et cela, particulièrement depuis N. Sarkozy, à un jeu trouble sur lequel se nourrissent les idées nauséabondes du clan Le Pen. Demandons-nous par exemple pourquoi la dimension sécuritaire inonde le débat politique alors que c’est justement à ce moment même que des emplois de policiers sont supprimés par milliers, que les services publics disparaissent comme fond la neige au soleil ? Demandons-nous également pourquoi depuis quelques temps et y compris sous F. Hollande, quasiment pas une manifestation syndicale sur des questions d’ordre purement social, n’a échappé à des échauffourées violentes avec la répression policière pour réponse, le mouvement des gilets jaunes ayant constitué une sorte d’apogée momentanée de cette dérive.

Sécurité et sûreté sont des domaines que le pouvoir politique a toujours eu tendance à fortement utiliser pour manipuler le peuple et en instrumentaliser certaines couches, surtout en période où le système doit imposer d’importants reculs sociaux et des libertés fondamentales pour se sauver. Tout est lié !

Le problème le plus important n’est-il pas finalement celui de l’insécurité sociale, du manque de perspectives d’avenir pour soi-même, ses enfants, ses proches ? Pour beaucoup l’inquiétude quotidienne est de savoir ce qu’il y aura à manger demain, quelles études pourront suivre les jeunes et sur quel emploi elles vont déboucher ! Au fond sont ainsi posés la prise en compte et la reconnaissance de l’être humain, son insertion et son rôle dans la société ? C’est pour l’essentiel la non-réponse à ces questions existentielles qui déstabilise les populations, particulièrement celles des quartiers dits sensibles constituant ainsi le terreau de toutes les dérives, de toutes les explosions, de toutes les manœuvres.

Cela est vieux comme le monde ! C’est dans les quartiers, dans les pays défavorisés que des gens plus ou moins bien intentionnés viennent faire leur marché, suivis de près par des politiques bien-pensants portant au pinacle comme modèle de réussite sociale celui du gagneur, c’est-à-dire de l’argent pour l’argent. C’est donc là qu’on recrute des nervis, des hommes de mains, des porteurs d’eau. C’est ainsi que fructifient tous les trafics y compris le radicalisme religieux qui se pare en plus de vertus morales. C’est ainsi que des adolescents et de jeunes adultes passent à l’acte jusqu’à devenir incontrôlables. Ma fonction d’élu m’a permis d’avoir accès à des enquêtes sociales et sociologiques sur des quartiers difficiles de ma ville. On pouvait clairement y déceler l’évolution de certains adolescents, voire pré-adolescents. Mais depuis, sur le fond qu’y a-t-il eu vraiment de fait pour enrayer cette tendance ? Rien sinon que la situation générale s’est encore dégradée !

Vouloir résoudre les questions de manque de sûreté et de sentiment d’insécurité globale qui rendent la situation invivable pour nombre de nos concitoyens, sentiment et vécu dont il faut par ailleurs avoir conscience, suppose la mobilisation de moyens considérables mais indispensables. S’il faut bien évidemment punir et sanctionner, il faut aussi une réponse juste et éducative, au risque de la surenchère permanente et de la course sans fin à la sanction. Une approche nouvelle en amont, avec de la prévention est également indispensable. Cela exige des équipes éducatives formées et en nombre suffisant ainsi que de nouveaux moyens pour la police en effectifs, en formation et un contenu de missions articulé autour du triptyque : proximité, prévention et répression.

Mais cela demande également de nouveaux moyens pour la justice. Impossible en effet de définir un nouveau cadre pour l’intervention policière sans traiter de la situation de la justice. La plus importante question posée par la manifestation de policiers du 19 mai n’est-elle pas en creux et en clair aussi, vu certains mots d’ordre portés, le transfert des missions de justice à la police ? C’est une demande récurrente de certains syndicats de police dénonçant le laxisme de la justice. En arrière-plan est une transformation en profondeur des institutions policières et judiciaires de notre pays, une transformation déjà à l’œuvre dans d’autres domaines comme par exemple en matière fiscale la fin de la séparation entre l’ordonnateur et le comptable ou encore la réforme territoriale en préparation. Il s’agit d’une volonté de remodelage global des institutions de notre pays. Le but est de créer un nouveau cadre permettant d’imposer un État de plus en plus autoritaire, outil indispensable aux forces du capital pour imposer leur domination et leur exploitation dans des conditions de d’existence de plus en plus dures pour les gens. C’est un véritable changement de paradigme qui se prépare.

De nouveaux moyens pour la justice, ses missions clairement définies par rapport à celles de la police, c’est aussi permettre des sanctions adaptées et porteuses de sens ainsi que leur suivi en même temps que de prévenir le grave problème des prisons surchargées, devenues criminogènes.

Pour autant, en tout état de cause, police et justice ne pourront régler tous les problèmes de la société sauf à transformer la nation tout entière en univers carcéral. La solution est donc ailleurs. Elle est de s’attaquer de front à la question sociale, c’est-à-dire de mettre en cause la domination du capital. Et la question sociale numéro un c’est : l’emploi, sa sécurisation avec la formation et sa rémunération. Il faut tout autant en finir avec le recul, la désertification des services publics dans les quartiers populaires souvent qualifiés de sensibles mais aussi en zone rurale. Il faut remettre partout du service public, beaucoup de service public : éducation-formation, culture, santé, transports, énergie…

Une autre absence est tout aussi lourde de dangers pour la société c’est le vide de sens qui lui est proposé à part de s’enrichir sur le dos des autres, le voisin, la voisine, de considérer l’autre comme une chose et de rechercher l’argent comme fin et but de toute l’existence. Pourtant notre société est autrement plus riche d’humanité, de créativité et d’émancipation. L’urgence est donc double : d’une part, lutter contre l’insécurité sociale et la précarisation de tous les aspects de la vie et d’autre part apporter une réponse de sûreté immédiate aux populations mises en danger.

Jean-Marc Durand (PCF 26)

Nous soutenons le peuple palestinien (Collectif Solidarité Palestine #Annecy, 22/5/2021)

Un déluge de feu s’est à nouveau abattu sur les populations palestiniennes civiles, en
particulier à Gaza, provoquant des centaines de morts, dont un tiers sont des enfants.
Les exactions des colons en Cisjordanie, à Jérusalem-Est sont protégées. Les expulsions
de familles palestiniennes à Sheikh Jarrah, les démolitions de maisons à Silwan
s’apparentent à du nettoyage ethnique. La police israélienne a arrêté plus de 850
palestiniens dont la majorité sont des mineurs, en une semaine. Les Palestiniens
israéliens ne supportent plus la politique discriminatoire menée à leur encontre et
soutiennent leurs compatriotes dans les Territoires occupés en 1967.
Ces exactions, provoquant l’horreur légitime de l’opinion mondiale, s’ajoutent aux
crimes de guerre antérieurs commis par le gouvernement israélien.
Les grandes puissances internationales ne tiennent pas compte de la responsabilité
d’Israël dans la situation actuelle : l’intensification de sa politique d’oppression, de
discrimination, de colonisation et d’annexion forcée.
Cette politique, criminelle, est sans issue et porte atteinte à la sécurité de la région y
compris de la population israélienne elle -même.
La France s’obstine dans une complicité coupable et nous demandons qu’elle en sorte
en condamnant ces crimes et en agissant dans toutes les instances internationales,
ONU, Union Européenne, pour sanctionner l’Etat d’Israël, le contraindre à respecter le
Droit International.
Nous, membres du Collectif Solidarité Palestine d’Annecy créé en 2001,
continuerons à soutenir la lutte du peuple palestinien.
Le droit à l’autodétermination du peuple palestinien reste pour nous non
négociable
Nous continuerons à exiger des sanctions, la suspension des accords
d’association et la traduction devant la justice internationale de tous les
criminels de guerre israéliens.
Nous continuerons à manifester notre solidarité avec ce peuple colonisé,
massacré et spolié tous les jours.
Le droit de manifester doit être respecté, partout en France, y compris à Paris.
Les bombardements doivent cesser définitivement
La France doit protéger le peuple palestinien
L’impunité d’Israël doit cesser !

Collectif Solidarité Palestine d’Annecy
cspa.74@gmail.com

Fabien Roussel #PCF invité de la matinale de France Info jeudi 13 mai à 8h30

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF, sera l’invité de la matinale de France info jeudi 13 mai à 8h30

Présidentielle 2022, crise sanitaire, sécurité, jeunesse, Fabien Roussel sera interviewé par Salhia Brakhlia et Lorrain Sénéchal.

fabienroussel2022.fr

Jérusalem : Exigeons des sanctions ! (Fabien Roussel) #PCF

Je dénonce la réponse honteuse du ministre Jean-Baptiste Lemoyne faite à ma collègue Elsa Faucillon lors de sa question au gouvernement aujourd’hui. Dans sa réponse, le gouvernement renvoie dos à dos la politique de colonisation de l’Etat israélien et l’appel de l’autorité palestinienne, à faire respecter toutes les résolutions de l’ONU.

Pourtant, les violences contre les Palestiniens de Jérusalem ont culminé ce lundi 10 mai. La répression policière israélienne des manifestants de l’Esplanade des Mosquées a fait, selon le Croissant rouge palestinien, plus de 305 blessé.es.

A Gaza, plus de 20 personnes – dont plusieurs enfants – ont succombé sous les bombes israéliennes.

Déjà vendredi, sur l’Esplanade des mosquées, mais aussi dans la Mosquée Al Aqsa, lors de la prière à laquelle participaient 70 000 fidèles, l’armée israélienne — armée d’occupation de Jérusalem-Est depuis 54 ans, au mépris de toutes les résolutions des Nations unies —, est intervenue tirant à balles métalliques enrobées de caoutchouc, utilisant des gaz lacrymogènes.178 personnes ont été blessées dont 88 grièvement.

Les Palestiniens sont confrontés à un déferlement de violence de l’armée israélienne, allant jusqu’à envahir la mosquée.

Dans le quartier de Sheikh Jarrah, comme dans tout Jérusalem-Est, des familles palestiniennes sont, de nouveau, menacées d’expulsion par les colons israéliens et militants d’extrême droite soutenus par le système judiciaire israélien. Même si la décision d’expulsion a été reportée au 15 juin, la résistance non violente des Palestiniens s’est organisée et la police israélienne a bouclé le quartier.

Cette violence est le résultat à la décision du pouvoir israélien, au mépris du droit international, d’annexer Jérusalem-Est et d’en éliminer toute présence palestinienne, dans le même temps qu’il s’emploie à coloniser définitivement la Cisjordanie.

La communauté internationale a condamné cette annexion mais n’a pas accompagné cette condamnation de sanctions, ce qui conforte le sentiment d’impunité de ceux qui, en Israël, n’hésitent pas à crier « Mort aux Arabes » et de ceux qui, depuis 1967, le pensent tout bas, en prétendant annexer Jérusalem-Est.

Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas parvenu, ce lundi, à s’accorder pour condamner le gouvernement israélien. Et pourtant une décision d’urgence portée par la France et l’Union européenne est nécessaire pour apporter une protection internationale au peuple palestinien mais aussi imposer des sanctions au gouvernement israélien et dans l’immédiat, faire respecter les droits des Palestiniens à la sécurité dans leur vie quotidienne. 

Une fois de plus, la preuve tragique est apportée que seule une solution conforme aux résolutions des Nations unies peut créer une paix durable avec la création, aux côtés d’Israël, d’un Etat palestinien sur les territoires occupés de Cisjordanie et Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le PCF appelle tous les communistes à participer aux rassemblements dans leurs villes et à Paris ce mercredi 12 mai de 16h à 18h devant le Ministère des Affaires étrangères, à l’appel du Collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens.

Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF

Paris, le 11 mai 2021.

Haïti : Seule la solidarité internationale avec la mobilisation populaire haïtienne fera tomber Jovenel Moïse ( #PCF )

Publié le 7/4/2021 par PCF

Dans l’indifférence générale des chancelleries occidentales et médias européens, le peuple haïtien affronte depuis deux mois l’une des phases les plus dramatiques de son histoire

En Haïti, l’État de droit n’est plus. Mais aucun des hérauts contemporains de la « démocratie et des droits humains » de notre siècle ne s’en émeut. Au contraire.

Depuis que, début février, le président Jovenel Moïse a passé outre manu militari la fin de son mandat constatée par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, en vertu de la Constitution en vigueur, il a su pouvoir compter sur le soutien actif de sa marraine, l’Administration étatsunienne, le consentement de l’Union européenne, et même de l’ONU, en la personne de sa représentante spéciale en Haïti, Helen Meagher La Lime qui fut, par ailleurs, ambassadrice des États-Unis en Angola…

Interpellé publiquement, Antonio Guterres, secrétaire général d’une ONU qui se fourvoie dans un appui à une « légalité électorale » des plus douteuses, devra bien répondre un jour à la question posée par le Mouvement Matris Liberasyon : « Pourquoi l’ONU, qui a toujours prôné la paix, la lutte contre la pauvreté et le respect des droits humains, encourage-t-elle l’implémentation d’une politique discriminatoire de déni systématique envers le peuple haïtien, en soutenant un gouvernement totalement illégal et illégitime ? »

D’autant que, puisque la Constitution lui donne tort, Jovenel Moïse a décidé d’en changer, par référendum, le 27 juin prochain. Ceci en vue d’une élection présidentielle, dès lors taillée sur mesure, prévue en septembre prochain et ardemment souhaitée dans une récente déclaration commune par les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU, « profondément préoccupés par la situation actuelle en Haïti ».

Des semaines de mobilisations et manifestations ne sont donc pas parvenues à briser cette épaisse muraille de black-out qui protège le pouvoir dictatorial en cours d’installation. Ce 3 avril encore, des centaines de femmes d’Haïti sont descendues dans la rue à l’occasion de la Journée nationale des droits des femmes, pour dire « Non à la dictature et à l’insécurité », non aux violences continuelles dont elles sont les cibles et « pour dénoncer le référendum et le soutien de la communauté internationale au président Jovenel Moïse ».

Tous les jours, la répression se renforce, les enlèvements crapuleux ou politiques se multiplient, et Jovenel Moïse maintient en prison sans jugement tout opposant à son pouvoir, soit des centaines de personnes parmi lesquelles des agents de la Fonction publique qui refusent d’appliquer ses ordres criminels. Le pays, déjà l’un des plus inégalitaires au monde, s’enfonce dans une crise sociale et économique. À cette date, aucun vaccin contre le coronavirus n’a touché même le territoire haïtien dont l’absence de politique de santé publique et la faiblesse des structures sanitaires empêchent toute mesure rigoureuse de l’évolution de la pandémie qui n’aurait fait officiellement que 252 morts.

Le peuple haïtien ressent un cruel besoin de solidarité et d’internationalisme – seul facteur capable d’enrayer le scénario décidé à Washington, New York et Bruxelles qui assurerait à Jovenel Moïse une mainmise pérenne et une soumission sans faille aux exigences étatsuniennes et occidentales.

Le Parti Communiste Français appelle les forces démocratiques et d’émancipation humaine de France et d’Europe, en liaison avec celles d’Amérique latine et des Caraïbes, à manifester leur pleine solidarité et leur soutien aux mouvements citoyens, syndicaux, politiques et à tous les secteurs de la société haïtienne – car ils sont nombreux – en lutte pour les droits sociaux et fondamentaux, la justice sociale, les libertés et la démocratie en Haïti. Il est grand temps d’imposer au gouvernement français lui-même un changement net d’orientation en se dégageant de celle imposée par les États-Unis guidés par leurs seuls intérêts géostratégiques et ceux de leurs firmes. En ne le faisant pas, la France prendrait une tragique responsabilité dans le cours des événements en Haïti et se disqualifierait pour longtemps encore aux yeux de nombreux peuples du monde dont les exigences sont piétinées par un ordre mondial insupportable.

Lydia Samarbakhsh
membre du CEN,
chargée de l’International

Édito e-Galopin N°254 2 avril 2021 : Politique

Au début de la manif climat du 28 à Annecy, une personne se revendiquant « des organisateur.es » a signifié aux camarades du PCF et du NPA une interdiction de sortir leurs drapeaux rouges au motif que la manif n’était pas ouverte aux partis politiques.

C’est un concept curieux : les politiques n’auraient plus le droit de faire de la politique ??? Alors que les mêmes politiques avaient appelé à manifester pour des raisons politiques évidentes.

Le capitalisme en crise donc contraint à se radicaliser pour survivre s’attaque aux droits humains, tant au niveau social, qu’environnemental et démocratique, d’où les rapprochements entre droite et extrême-droite. Ainsi, l’incompatibilité entre capitalisme et défense du climat, constatée par Nicolas Hulot, les 150 membres de la « convention citoyenne, les associations de défense de l’environnement… gêne évidemment les forces socio-libérales (absentes de la manif) et écolo-libérales.

J’ai fait remarquer que, de Bonlieu, des passantes ont cru à un rassemblement de l’extrême-droite anti-masques qui interdit partis, syndicats, associations… La présence de partis, syndicats ou associations reconnu.es est un gage de sécurité. Dans un autre registre, elle permet d’éviter que la défense de la Palestine ou contre l’islamophobie ne soit noyautée par l’extrême-droite islamiste.

Pour en revenir à la manif climat, nous avons constaté que les politiques qui s’affichaient en vert (EELV) ou vert-bleu (Réveillons Annecy) ne dérangeaient pas et pu manifester tranquillement à leurs côtés. Le Dauphiné rendant compte de la manif éclaire un peu plus la manipulation : en citant outre les associations, EELV et NPA, les partis les plus visibles, il montre que l’objectif prétendument apolitique était en fait de transformer la manif climat en manif EELV, ce qui se serait produit si le NPA avait replié drapeaux et banderole.

Un deuxième aspect est la conception très patronale qui consiste à désigner ou écarter des candidatures par un collectif obscur et des motifs tout aussi obscurs. Il n’est guère surprenant que j’aie été écarté de « Réveillons Annecy » suite à une réunion où je suggérais que le vote se fasse sur des critères transparents. Évidemment, cela pouvait donner des résultats différents de ce qui avait été préparé depuis longtemps par les apparatchiks.

Le 3ème angle du problème a été pointé il y a environ dix ans par le fondateur du PG74 « Une chose me turlupine : je vois d’un côté des personnes hors parti qui font de la politique et de l’autre, des partis qui ne font pas de politique ». L’effacement au profit d’unions démobilise forcément. Si la gauche de 1981 en était restée à un accord PCF-PS sur 10 propositions consensuelles, Mitterrand n’aurait jamais fait 110 propositions dont l’abolition de la peine de mort, minoritaire dans les sondages mais obtenue par une gauche de conviction.

Afficher les désaccords entre socialistes et communistes n’a jamais empêché les 2 partis de s’allier et gouverner ensemble des collectivités locales. Comme je l’ai écrit dans l’e-Galopin de septembre, la présidentielle doit être perçue comme une primaire pour l’élection législative : le parti qui dépasse sa moyenne nationale le plus largement est le plus légitime à gagner la législative dans la circonscription concernée.

Encore une fois, seule l’addition des couleurs permettra à chacun.e de prendre part à la coalition qui rendra possible un Front Populaire majoritaire : rouge + noir + vert + rose etc.

Fondu en une couleur unique, on est… marron !

Pierre Boukhalfa

Vaccination en Israël : modèle ou contre modèle

Publié le 10/3/2021 par PCF

Depuis quelques années, Israël est souvent présenté comme un modèle à suivre.
Il en a été ainsi en 2016 avec la lutte contre le terrorisme. La revue en ligne Orient XXI publiait un article sous le titre : Ce « modèle israélien » de lutte contre le terrorisme qui fascine politiciens et médias français, et posait la question : « Comment lutter contre le terrorisme ? En appliquant le modèle israélien, répètent à l’envi certains politiciens et journalistes français. Pourtant, il existe peu de pays où l’on vit depuis aussi longtemps si peu en sécurité qu’en Israël ».

Le site ELNET qui se présente comme favorisant une meilleure connaissance en France de la réalité historique, culturelle, économique et politique d’Israël vante le modèle : « Israël a depuis longtemps investi dans le cyber-renseignement, en dotant son armée, dès 1952, d’une unité d’élite, l’unité 8200, consacrée au renseignement électromagnétique et au décryptage de codes. Entre autres missions, il s’agit d’abord de parvenir à la connaissance la plus exhaustive possible d’Internet, sa partie visible et invisible, les réseaux d’activistes, leurs lieux de rencontre et d’échange, leur mode de communication. La coordination entre les différentes entités est bien plus nette et efficace qu’en France. Au sein d’Aman (renseignement militaire), une unité est chargée de l’infiltration clandestine et de la manipulation des sources. Mais la majeure partie des opérations est assurée par le Shin Beth (sécurité intérieure), et parfois par le Mossad (renseignement et sécurité extérieure). Dès lors que les cyberterroristes sont localisés, les agents sont déployés et procèdent à leur arrestation. »

Ce n’est pas vraiment le système démocratique auquel nous aspirons ! Liberté, égalité, fraternité, respect des identités différentes, liberté individuelle, droits collectifs garantissant l’égalité entre tous les êtres humains, respect et approfondissement des libertés.

Alors, quand aujourd’hui la vaccination en Israël est montrée en exemple, il y a de quoi s’interroger et se pencher d’un peu plus près sur la réalité.

Un reportage publié sur Arte, le 29 janvier, nous apprend que le rythme des vaccinations est 15 fois plus élevé qu’en France ou en Allemagne, mais note que le contrat avec Pfizer serait deux ou trois plus cher que les autres pays ! En contrepartie, Pfizer dispose d’une étude à grande échelle des résultats.

Le 23 février, le journal suisse Temps.ch indiquait que les Israéliens refusant d’être vaccinés pourraient bientôt voir leurs noms livrés par le ministère de la Santé à leur municipalité ou à d’autres entités gouvernementales. C’est le but du projet de loi accepté mardi en première lecture par le Parlement. Temporaire, la législation a officiellement pour but de localiser plus facilement les personnes éligibles à la piqûre anti-coronavirus, mais les craintes sont vives quant aux dérives. « Ce texte porte atteinte à la sphère privée. Je doute qu’il se transforme en loi tant il suscite d’opposition », réagit Amir Fuchs, analyste à l’Institut d’Israël pour la démocratie. Le ministère de la Santé table sur un autre projet qui fait frémir beaucoup de travailleurs. Il s’agit d’interdire aux employés, notamment de la santé, de l’éducation, des transports publics ou de la sécurité, l’accès à leur lieu de travail s’ils ne sont pas immunisés, guéris, ou s’ils ne se font pas tester tous les deux jours. De quoi aller dans le sens des patrons israéliens.

Une enquête menée récemment a révélé que beaucoup d’entreprises ayant des contacts avec le public ne laissent pas le choix à leurs employés : c’est la vaccination ou la porte.
Cela rappelle le projet de QR, code que le gouvernement voudrait imposer et qui donnerait accès aux lieux de culture, restaurants, cafés, etc.

Quand les enjeux économiques priment sur la santé

La campagne de vaccination a démarré le 19 décembre en Israël. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait appelé le 11 janvier « la communauté internationale » à « exhorter Israël, en tant que puissance occupante, à respecter ses engagements au regard du droit international et à mettre des vaccins à disposition » des Palestiniens.

C’est seulement début février que le gouvernement israélien a décidé la tenue d’une campagne de vaccination pour les travailleurs palestiniens ayant un permis de travail pour Israël et dans les colonies. Pour le reste de la population, seules 2 000 doses sur les 5 000 annoncées par Israël ont été remises.

Alors, si nous devions nous inspirer d’un modèle, NON, mille fois non de ce modèle-là où l’humain est considéré comme une quantité négligeable !

Marie-Hélène Chambrin
membre de la commission des Relations internationales

Pour le rassemblement, une candidature #PCF qui porte la revendication d’unité et de sortie du présidentialisme

Il y a deux façons de prendre un débat.

La première est de poser deux alternatives qui s’excluent : soit privilégier les alliances en sacrifiant notre Parti et son programme, soit défendre notre Parti et son programme et sacrifier l’union.

Or, la situation est complexe. D’un côté, les sondages montrent une forte volonté d’union (plus de 70%) ; de l’autre, les mêmes sondages montrent qu’une candidature unique rassemble moins que des candidatures multiples. En gros c’est : l’union, mais derrière mon parti ! D’un côté, le fort refus de voter pour le moindre mal nourrit des inquiétudes légitimes pour le second tour et appelle à ce que la gauche se regroupe, de l’autre, le même refus du vote pour le moindre mal entraîne la réticence de nombreux communistes à soutenir Mélenchon 3, d’autant que le PCF a passé son tour 4 fois.

Le risque principal de cette approche est d’aboutir à un vote à 51% contre 49 et une démobilisation des battu.es, voire que certain.es passent outre et décident de soutenir une autre candidature que celle désignée par le Parti.

La 2ème approche que je privilégie est la combinaison des deux. Je dis souvent que je suis communiste parce que je veux fromage et dessert : la révolution et les réformes, les luttes syndicales, associatives, de réseaux et la conquête de positions institutionnelles pour mettre en œuvre les revendications.

Nous devons désigner une personnalité de notre Parti pour porter nos combats et participer au débat. Chacun.e se rappelle la mésaventure de Ian Brossat écarté de nombreux débats ou classé comme « petit » candidat parce que le PCF avait été absent de la dernière présidentielle. Pour parler d’unité, encore faut-il avoir la parole ! Nous devons faire vite, pour éviter la mésaventure de Marie-George qui, après avoir perdu 1 an et demi à essayer de construire une unité, n’a plus eu que 3 mois pour mener campagne. En 2017, EELV a désigné Yannick Jadot, qui s’est retiré par la suite. Pour la petite histoire, il s’est retiré trop vite et a rejoint Hamon, alors que la dynamique a finalement été du côté de Mélenchon.

Mais notre candidature ne doit pas se limiter à être une de plus, avec une campagne classique du style « qui m’aime me suive ! »

La première annonce est qu’une date de revoyure soit décidée pour proposer aux communistes le retrait de notre candidature si l’union des gauches se réalise. Le PCF ne ferme pas la porte ; bien au contraire, sa candidature porte la revendication d’unité et de sortie du présidentialisme.

Pour cela, il faut des candidatures collectives.

Pour commencer, notre PCF doit présenter un binôme paritaire pour l’Élysée et Matignon. Cela permettra de répondre au rejet du pouvoir personnel et à la nécessité de la parité.

Ensuite, notre Parti doit désigner des ministres qui vont porter nos principales revendications :

  • 1 ministre de la Sécurité d’Emploi et de Formation qui aurait en charge de chapeauter les ministères de l’économie, l’éducation, la formation professionnelle, … Il poserait comme 1ère priorité de notre Parti la réponse révolutionnaire à la crise systémique du capitalisme et la satisfaction des besoins humains
  • 1 ministre de la laïcité et la lutte pour les droits humains notamment contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie. Face à l’offensive du gouvernement sur ces questions, notre Parti doit porter le flambeau de la défense de la laïcité de 1905 et se porter aux cotés des personnes « damnées » de la France de Macron-Le Pen
  • 1 ministre de la décarbonation de notre économie. Il est temps de dire à ceux qui ne veulent que la sortie du nucléaire « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». La priorité est d’arrêter le réchauffement climatique par la réduction drastique de la consommation d’énergies carbonées pour le chauffage, les transports (ce ministère poussera au développement de transports collectifs publics et gratuits), la production d’énergie. L’indispensable sortie progressive du nucléaire se fera dans le cadre de la SEF non pas contre mais avec les spécialistes d’EDF qui, après une formation, seront les mieux placé.es pour démanteler les vielles centrales.
  • 1 ministre de la Paix et du Désarmement. Notre Parti est au point sur ces questions, mais qui le sait ? Créer un ministère permet de mettre dans le débat public une personnalité qui porte ces questions.
  • 1 ministre de reconquête des droits et conquêtes de droits nouveaux. La question de la démocratie doit être portée par notre Parti, face au binôme Le Pen Macron qui avancent désormais main dans la main. Ce serait par ailleurs la meilleure réponse aux nostalgiques qui nous parlent de l’URSS alors que Staline est mort depuis 68 ans !
  • 1 ministère des services publics et des nationalisations
  • 1 ministère de la jeunesse, la culture et les sports
  • 1 ministère de la lutte contre la fraude fiscale et la délinquance patronale…

Enfin, il y aurait des ministères vacants, que l’on réserverait à d’autres partis, dans le cadre de notre recherche d’unité, notamment l’intérieur, les finances, la justice…

Nos « ministres » auraient naturellement vocation à devenir parlementaires, ce qui permettrait de mener de front candidature présidentielle et candidatures législatives.

L’idée est de dupliquer dans chaque département un contre-gouvernement chargé de porter nos combats et dont les membres mèneraient campagne en même temps pour les législatives, la présidentielle, et les élections locales. Les ministres au niveau départemental travailleraient en lien avec les ministres au niveau national et pourraient s’appuyer sur les commissions du PCF ouvertes à toutes les bonnes volontés et naturellement à chaque membre du Parti.

Tout cela permettrait une dynamique et une émulation qui relancerait la vie citoyenne dans notre Parti d’abord, puis plus largement. Ce serait une arme décisive pour faire reculer l’abstention et la coupure entre le peuple et la politique.

Ce serait en actes une rupture avec la 5e République, qui crédibiliserait les critiques que nous adressons à la Macronie.

Pierre Boukhalfa